Vienne a passé la deuxième moitié du XIXe siècle au milieu d'un tourbillon de renouveau architectural. Après la démolition de la plus grande partie de la muraille de la vieille ville et de ses bastions, la zone où se trouvaient ces fortifications devint le site de construction le plus significatif de cette période. Sous l'empereur François-Joseph Ier, qui régna de 1848 à 1916, on assista pendant la période qui commence autour de 1860 à la construction d'un nouveau boulevard qui encerclait la ville intérieure comme un anneau - d'où son nom de Ringstraße, ou Route de l'Anneau. Autour de cette magnifique voie circulaire, des architectes importants construisirent des édifices représentatifs majeurs tels que le parlement autrichien, l'hôtel de ville de Vienne et le Neue Burg ou « nouveau château », un ajout au palais Hofburg, ainsi que des musées, le Burgtheater, de nombreux palais et même une église, la Votivkirche. En termes d'histoire du style, la plupart de ces constructions peuvent être caractérisés comme étant néoclassiques. Les constructions historicistes comprennent des styles comme le néogothique (l'hôtel de ville, la Votivkirche), le néo-renaissance (l'Opéra de la cour, l'université), le néobaroque (le Burgtheater) et même une renaissance grecque (le parlement). Les architectes les plus importants qui ont travaillé autour de la Ringstraße sont Gottfried Semper, Theophil Hansen, Carl von Hasenauer, August Sicard von Sicardsburg et Eduard van der Nüll.
L'élève le plus célèbre des architectes de la Ringstraße fut Otto Wagner (1841-1918). Wagner fut aussi l'architecte central de la période du Jugendstil ou Art nouveau viennois. Ses édifices les plus importants sont la Anker-Haus on the Graben (1er district, 1895), ses deux villas (19e district, 1888 et 1911), les édifices sur LinkeWienzeile (6e district, 1898/99), la Postsparkasse [Caisse d'épargne de la poste] (1er district, 1906) et la Kirche am Steinhof [Église de St. Leopold, Steinhof] (14e district, 1907). Il commença par employer des formes historicistes mais dans la période autour de 1900, ses dessins de plus en plus forts et sobres. La surface dirigeait maintenant l'ornementation, et celle-ci parfois était conçue pour donner l'impression d'une pure fonctionnalité.
L'utilisation de nouveaux matériaux comme l'aluminium et le béton armé s'allie à des détails visibles de l'extérieur tels que des plaques de marbre sur la façade de l'immeuble de la Postsparkasse [Caisse d'épargne de la poste] qui semblent attachées au mur par des rivets. En réalité, ces éléments sont simplement encastrés en stuc. Ici Wagner annonçait la voie de la Nouvelle Objectivité, en appliquant l'idée d'utiliser le matériel de construction lui-même comme élément de décoration. Ses deux élèves les plus connus allaient devenir des architectes Jugendstil remarquables : Joseph Maria Olbrich (1867-1908) et Josef Hoffmann (1870-1956). Olbrich était l'élève préféré de Wagner, et son remarquable talent de dessinateur conduit à penser que de nombreux dessins de Wagner qui sont arrivés jusqu'à nous sont en fait des œuvres d'Olbrich. Quant aux édifices d'Olbrich, même sa première œuvre allait devenir une icône de l'architecture européenne : l'édifice de la Sécession viennoise, « le Syndicat des Artistes Autrichiens ».
La structure de 1897 servait de quartier général et de centre d'exposition pour cette association d'artistes d'avant-garde qui compta Gustav Klimt et Kolo Moser parmi ses fondateurs. Avec son immeuble, le groupe constitué par des artistes qui avaient quitté l'organisation du Vienna Künstlerhaus, c'est à-dire la Société des Artistes Autrichiens, érigèrent un fort symbole de l'Art nouveau pas loin du Naschmarkt et de la Karlskirche baroque, dans une Vienne fortement caractérisée par les styles historicistes. Ce bâtiment blanc est couvert d'un dôme doré qui brille de loin. Sur la porte d'entrée, le mot d'ordre de la Sécession : « À chaque époque son art, à l'art sa liberté » (Ludwig Hevesi) témoigne de l'esprit progressiste de ce collectif d'artistes. L'autre mot d'ordre sur la façade, en latin Ver Sacrum (printemps sacré), déclare le début d'un nouveau printemps pour l'art. La publication officielle de la Sécession portait aussi ce nom Ver Sacrum. Olbrich conçut également la maison du club « Radfahrclub der k.u.k. Staatsbeamten » [Association de cyclisme des fonctionnaires de l'état et de la cour].
Josef Hoffmann, un autre élève important de Wagner, décida de rester à Vienne. Les constructions de Hoffmann sont caractérisées par un style cubique. Hoffmann n'était pas seulement membre fondateur de la Sécession, mais aussi cofondateur d'un groupe de stylisme pionnier, le "Wiener Werkstätte", avec Kolo Moser et Fritz Wärndorfer au début du XXe siècle. La marque utilisée par Hoffmann dans ses dessins était le carré. À Vienne, Hoffmann réalisa des immeubles tels que les villas de ses collègues artistes Carl Moll et Kolo Moser dans le quartier de HoheWarte dans le 19e district, l'Ast House (19e district) et la Villa Skiwa-Primavesi (13e district). De nombreuses autres structures aujourd'hui disparues tels qu'un magasin du Wiener Werkstätte (1er district), le Graben-Café (1er district) et le Pavillon autrichien pour l'Exposition Internationale d'Art à Rome en 1911 témoignent de la portée de son travail créatif. Des contributions exceptionnelles à l'Art nouveau viennois furent également faites par Max Fabiani (1865-1962) et Jože Plečnik (1872-1957), qui travaillèrent tous deux pour for Otto Wagner. Fabiani créa des immeubles y compris l'un d'eux pour la société Portois & Fix (1897/1900). Portois & Fix était la société de construction, de décoration d'intérieur et de mobilier la plus importante de Vienne, avec des filiales au Caire, Constantinople, Bombay et ailleurs) sur la Ungargasse (3e district). Il conçut aussi l'immeuble Artaria (1900/02) sur Kohlmarkt pour le magasin de musique centenaire Artaria, ainsi que pour l'immeuble de l'association « Urania » de formation continue, qui incluait un observatoire (1909/10, tous les deux dans le 1er district). Le studio des architectes Josef Hackhofer (1863-1917) et Friedrich Ohmann (1858-1927) est à l'origine du pont sur le fleuve dans et autour du Stadtpark (1899-1900), de la couverture de parties du fleuve Wien (1903-1906) et il construisit aussi la Meierei (« une salle pour boire du lait ») dans le Stadtpark (1901-1903). Hackhofer lui-même était l'auteur du HoheBrücke [le pont haut] sur la rue TieferGraben (1903-1904) dans le 1er district, ainsi que de la Scheid villa. Ohmann, dont l'œuvre allia l'Art nouveau et des influences néobaroques, surveilla la construction de la section « Neue Burg » du Hofburg de Vienne et construisit aussi des structures telles que la Palmenhaus dans le Burggarten (1901) proche, le monument à l'impératrice Elisabeth dans le Volksgarten (1904-1907), le musée d'aujourd'hui à Bad Deutsch-Altenburg (Carnuntum) et la Villa Regenstreif (1914-1916). L'œuvre de Ludwig Baumann (1863-1936) présente aussi des influences Art Nouveau. Il faut remarquer que les immeubles de Baumann incluent l'Académie Royale et Impériale des Langues orientales. (1902; Aujourd'hui ambassade des Etats-Unis), le Ministère de la Guerre néobaroque (1908-1910; le projet de Baumann's triompha sur les propositions concurrentes d'Adolf Loos', une solution radicale de façade réalisée dans les couleurs de la monarchie plus le noir et l'or), le Konzerthaus et l'Akademietheater, tous les deux réalisés en collaboration avec le studio d'Helmer et Fellner (1911-1913). Baumann succéda à Friedrich Ohmann dans le projet de construction du Hofburg, et est l'auteur de sa section "Festival Hall" (de 1910).
Fellner and Helmer se spécialisèrent au départ dans les théâtres et leur studio était actif en Autriche-Hongrie et dans d'autres pays européens de 1873 à 1919. À Vienne, Hermann Helmer (1849-1919) et Ferdinand Fellner (1847-1916) construisirent des immeubles, y compris le théâtre de variétés Etablissement Ronacher (1888) et le Volkstheater (1889). Enfin, le célèbre escalier extérieur connu comme le "Strudlhofstiege", construit par Theodor Jaeger (1874-1943) et ouvert en 1910, et celui qu'on appelle l'"Anker Clock" par Franz von Matsch (1961-1942) méritent aussi d'être mentionnés. L'horloge fait partie d'un pont entre les deux parties de l'Ankerhof, un bâtiment construit pour la compagnie d'assurances Ankerversicherung par Ernst von Gotthilf et Alexander Neumann (1912-1914).